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African Banker Spécial ODD

Comment améliorer la notation pays ?

Comment améliorer la notation pays ?
  • Publiéoctobre 23, 2023

Il est essentiel de trouver des financements supplémentaires si l’on veut que les objectifs de développement durable de l’Afrique restent sur la bonne voie. La CEA aide les pays à améliorer leur cote de crédit et à trouver des moyens de financement innovants.

 

 

La combinaison de la pandémie de coronavirus, de la guerre en Ukraine et du changement climatique entrave les efforts des pays africains pour atteindre les ODD (objectifs de développement durable) et a créé le besoin de trouver des financements supplémentaires.

Selon le FMI, les besoins de financement supplémentaires de l’Afrique s’élèvent à 285 milliards de dollars entre 2021 et 2025. Le continent a également besoin de 345 milliards $ supplémentaires par an pour la mise en œuvre des ODD en raison de la pandémie.

Par conséquent, pour sauver les ODD et lever les fonds supplémentaires nécessaires, il faudra recourir à des financements innovants et aux marchés de capitaux.

Le développement des marchés de capitaux ainsi que des financements innovants sur le continent est absolument nécessaire pour financer le développement et sauver les ODD en Afrique.

Cependant, les pays africains ont presque toujours eu des difficultés à accéder aux marchés internationaux. Cela s’explique en partie par la perception souvent négative du risque en Afrique, telle qu’elle ressort des notations de crédit souverain. À l’heure actuelle, seuls deux pays africains ont été en mesure d’émettre des euro-obligations au cours du premier semestre 2023.

Au cours du premier semestre 2023, la tendance aux notations négatives, y compris les dégradations et les perspectives négatives, s’est poursuivie. Du point de vue des agences de notation, ces dégradations ou perspectives négatives sont fondées sur leur évaluation de facteurs de risque tels que les besoins de financement croissants des gouvernements, les pressions financières liées à l’arrivée prochaine du « mur des échéances des euro-obligations en 2024 », l’affaiblissement de la position de liquidité extérieure, le coût élevé du service de la dette et, enfin, les rendements élevés sur les marchés financiers des euro-obligations.

Tout cela contribue à un resserrement général du marché des capitaux pour les pays africains. Cependant, certains pays africains ont contesté ces dégradations de notation, arguant que les agences de crédit ont mal interprété leurs économies en raison d’un manque de compréhension du contexte local.

 

Soutien technique et politique

Leur point de vue est tout à fait recevable, mais en attendant, la notation souveraine est une condition préalable à l’émission de dette sur les marchés internationaux.

Les notations souveraines indiquent le niveau de risque potentiel d’un prêt à un émetteur souverain. Elles fournissent des informations sur la capacité d’un émetteur souverain à honorer ses engagements en matière de dette. Une meilleure notation souveraine peut renforcer la confiance des investisseurs, ce qui entraîne une augmentation des entrées de capitaux et une baisse des coûts. Cela permet également de réduire la dépendance à l’égard des donateurs bilatéraux et des partenaires de développement.

Nombreux sont ceux qui appellent à une meilleure réglementation de l’industrie de la notation en Afrique afin de garantir le respect des règles, des procédures et de la responsabilité établies. Des efforts devraient également être faits pour améliorer la diffusion et la transparence des données afin de permettre une évaluation sans faille des profils de risque.

Dans cette optique et en collaboration avec ses partenaires, la CEA (Commission économique des Nations unies pour l’Afrique) publie un rapport semestriel, l’Africa Sovereign Credit Ratings Review, qui analyse les mesures de notation du crédit souverain à long terme en devises étrangères en Afrique par les trois principales agences internationales de notation du crédit : Moody’s, Fitch et S&P Global.

Le rapport fournit également des recommandations politiques aux agences de notation et aux gouvernements africains sur la manière d’améliorer le processus de notation de crédit.

La CEA organise également des webinaires pour discuter des points saillants du rapport afin de mieux comprendre les moteurs des actions de notation souveraine en Afrique, les défis et la manière dont ils peuvent être abordés.

En outre, la CEA fournit un appui technique aux États membres qui souhaitent être notés – une condition essentielle pour émettre de la dette sur les marchés internationaux. L’appui technique aux États membres consiste à réaliser une étude de faisabilité d’une notation souveraine afin d’expliquer le fonctionnement des agences de notation :

Premièrement, il s’agit d’expliquer le fonctionnement des agences de notation en matière de processus et de produits commerciaux et analytiques, y compris les échelles de notation (locale / régionale / mondiale), la notation en monnaie locale ou en devises.

 

Des études de cas

Deuxièmement, il faut démontrer comment les notations de crédit peuvent être utilisées par les émetteurs, les contreparties souveraines, les investisseurs et les autres parties prenantes.

Troisièmement, nous devons expliquer les exigences des agences de notation en matière d’informations et de données afin que les États membres puissent améliorer leur préparation à la notation de crédit en vue d’acquérir et de conserver la meilleure notation souveraine possible.

En outre, la CEA aide certains pays africains désireux d’approfondir leur dette nationale ou leurs marchés de capitaux en élaborant des documents stratégiques qui informent les décideurs politiques de la feuille de route à suivre et des difficultés qui doivent être résolues pour une mise en œuvre réussie.

Du côté des financements innovants, la CEA a mené des études de cas pour évaluer la faisabilité des obligations inclusives au Cameroun et en Côte d’Ivoire.

Ce travail fait partie du programme de soutien de la CEA visant à renforcer la capacité des États membres à approfondir les marchés financiers et à mobiliser des investissements à long terme pour le développement durable. L’obligation inclusive consiste en une émission d’obligations spécifiquement destinées à financer les très petites entreprises et le secteur informel.

 

Jean-Marc Kilolo est économiste auprès de la Commission des Nations unies pour l’Afrique.

@ABanker

 

Écrit par
Jean-Marc Kilolo

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