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Avis de tempête sur les marchés émergents lance le FMI

Avis de tempête sur les marchés émergents lance le FMI
  • Publiéavril 16, 2020

« La pandémie de Covid-19 présente un défi historique », considère le FMI. L’institution vient de publier ses bulletins d’analyses économiques et de description des politiques entreprises. Elle fait également part de ses réflexions sur la situation des institutions financières et des marchés.

Par LS

Le Fonds monétaire international (FMI), dans l’un de ses bulletins de conjoncture, fait le constat de la chute des cours des actions et de l’envol des écarts de taux, en particulier dans les segments à risque tels que les obligations à haut rendement, les prêts à effet de levier et la dette privée, dans lesquels les émissions se sont fondamentalement arrêtées.

L’effondrement des cours du pétrole a réduit encore plus l’appétit pour le risque. Cette volatilité des marchés a entraîné une ruée vers les actifs de qualité et le rendement des obligations refuges a brutalement baissé.

Plusieurs facteurs ont amplifié les variations des prix des actifs, ce qui a contribué à un net durcissement des conditions financières. Des tensions sont apparues sur les principaux marchés de financement à court terme, y compris sur le dollar, rappelant la crise de 2008-2010.

Les pays qui subissent simultanément une crise sanitaire et un choc sur le financement extérieur pourraient avoir besoin d’une aide bilatérale ou multilatérale supplémentaire pour ne pas compromettre les dépenses de santé durant cette période d’ajustement difficile.

La liquidité du marché s’est fortement détériorée. Les investisseurs endettés ont été mis sous pression, et certain ont soldé quelques positions pour répondre à des appels de marge et rééquilibrer leurs portefeuilles.

Toutefois, les marchés ont réussi à réduire certaines pertes, constatent les économistes du FMI. Des mesures budgétaires et monétaires décisives visant à maîtriser les retombées de la pandémie ont rassuré les investisseurs. Mais le risque d’un nouveau durcissement des conditions financières, déjà présent avant la crise, est toujours d’actualité.

Dans un tel cadre, « une tempête menace de s’abattre sur les pays émergents et préémergents », prévient le FMI. Ces pays ont connu la plus forte inversion de flux d’investissements de portefeuille jamais enregistrée, à la fois en dollars et en pourcentage de leur PIB.

Il est probable que cette perte de financement de la dette extérieure « mettra en difficulté les emprunteurs plus endettés et moins solvables ». Cela pourrait entraîner une hausse des restructurations de la dette, ce qui mettrait à l’épreuve les dispositifs existants de résolution de la dette.

De leur côté, les gestionnaires d’actifs pourraient « subir de nouveaux retraits de leurs fonds et être forcés de vendre des actifs sur des marchés en baisse, ce qui risque d’exacerber les variations de prix ».

Compte tenu du niveau élevé de leurs emprunts, les entreprises et les ménages pourraient se retrouver en situation de surendettement du fait de l’arrêt brutal de l’activité économique.

Toutefois, les banques ont davantage de fonds propres et de liquidités que par le passé ; elles ont fait l’objet de tests de résistance et les liquidités apportées par les banques centrales leur ont permis d’atténuer les risques de financement : « Les banques se trouvent ainsi dans une position plus favorable qu’au début de la crise financière mondiale. »

Néanmoins, dans quelques pays, la résilience des banques est mise à l’épreuve et certaines seront poussées à réduire leur crédit à l’économie, ce qui aggraverait le ralentissement de l’activité.

Les banques centrales sollicitées

Partout dans le monde, les autorités ont déjà pris des mesures de grande envergure, aux plans sanitaire et économique. Pour leur part, « les banques centrales ont pris des mesures audacieuses et décisives » : elles ont assoupli leur politique monétaire, acquis divers actifs et fourni des liquidités au système financier pour contrer le durcissement des conditions financières et maintenir le flux de crédit à l’économie.

Tandis que les taux directeurs sont maintenant proches de ou inférieurs à zéro chez les pays avancés, les mesures non conventionnelles et les cadrages prospectifs de la trajectoire attendue de la politique monétaire deviennent les outils principaux des banques centrales.

Les banques centrales pourraient aussi envisager d’autres mesures pour soutenir l’économie pendant cette période difficile, recommande le FMI qui considère que les autorités doivent trouver le juste équilibre entre la préservation de la stabilité financière et le soutien de l’activité économique.

Concernant les banques, dans un premier temps, les volants de fonds propres et de liquidités existants devraient leur servir à absorber les pertes et les pressions sur le financement.

« Si l’impact est considérable ou de plus longue durée et que l’adéquation des fonds propres des banques est touchée, les instances de contrôle devraient prendre des mesures ciblées, et notamment demander aux banques de soumettre des plans crédibles de rétablissement des fonds propres. »

Probablement, les autorités seront appelées à fournir un appui budgétaire pour aider les emprunteurs ou fournir des garanties de crédit aux banques. Les instances de contrôle devraient aussi encourager les banques à négocier, de manière prudente, des ajustements temporaires des conditions de leurs prêts pour les entreprises et les ménages.

D’indispensables ajustements macroéconomiques

Du côté des gestionnaires d’actifs, le FMI considère que pour gérer avec prudence les risques de liquidité liés aux sorties massives de capitaux, les autorités de réglementation devraient « les encourager à utiliser pleinement les outils de liquidité à leur disposition lorsque cela sert les intérêts du porteur ».

Enfin, « la résilience du marché devrait être favorisée par des mesures convenablement calibrées, clairement définies et bien communiquées », comme les coupe-circuits.

Un grand nombre de pays émergents sont déjà confrontés à des marchés volatils et doivent gérer ces tensions au moyen de la flexibilité de leur taux de change, si possible.

Pour les pays qui disposent de réserves adéquates, « les interventions sur le marché des changes peuvent faire contrepoids au manque de liquidité du marché et donc contribuer à atténuer une volatilité excessive ». Les interventions ne doivent toutefois pas empêcher les ajustements nécessaires du taux de change.

Dans un contexte de crise imminente, des mesures de gestion des flux de capitaux pourraient faire partie d’un vaste train de mesures, mais elles ne sauraient se substituer à un ajustement macroéconomique qui s’impose. « Les gestionnaires de la dette souveraine devraient se préparer à des perturbations du financement à plus long terme en mettant en place des plans d’urgence pour faire face à un accès restreint au financement extérieur. »

Plus généralement, la coopération multilatérale est cruciale pour amortir le choc pandémique et limiter les dégâts causés à l’économie mondiale et au système financier.

Les pays qui subissent simultanément une crise sanitaire et un choc sur le financement extérieur pourraient aussi avoir besoin d’une aide bilatérale ou multilatérale supplémentaire pour ne pas compromettre les dépenses de santé durant cette période d’ajustement difficile.

Le FMI songe notamment aux pays tributaires des financements extérieurs ou les exportateurs de matières premières confrontés à la chute des cours.

Écrit par
Par Laurent Soucaille

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