Au Maroc, le City-Tour forme aux services financiers

La Banque centrale du Maroc lance un nouvel outil de formation du public en matière de service financier et de transferts de fonds. Un enjeu d’importance pour les Marocains, comme pour de nombreux Africains, face à la complexité et aux coûts des différentes offres.
Par Aude Darc
La Bank Al-Maghrib et la Banque mondiale lancent, ce 8 mars 2022, un concept original, le City-Tour. Cette initiative consiste en l’organisation de visites guidées d’agences de services financiers au profit d’usagers potentiels, encadrés par des coach-formateurs et des délégués d’associations partenaires.
City-Tour vise principalement les femmes, les jeunes et les micro-entrepreneurs dans l’urbain, le périurbain et le péri-rural.
La plupart des familles marocaines comptent un, voire plusieurs membres à l’étranger, souvent en France et en Espagne. La moitié des bénéficiaires de transferts internationaux reçoit des mensualités régulières.
Cette mesure s’inscrit dans le cadre de l’initiative Greenback Maroc, que mènent en conjoint la Banque centrale marocaine (BAM) et la Banque mondiale, depuis 2011. Cette action vise à assurer le suivi des objectifs du G20 et l’objectif 10 des ODD (Objectifs de développement durable.
Spécifiquement, l’initiative Greenback a pour but de renforcer l’efficience du marché des transferts de fonds et, ce faisant, de réduire leur coût, tout en accélérant l’adoption des services financiers numériques. « Elle promeut une approche innovante, fondée sur les besoins des clients et la collaboration des différentes parties prenantes », expliquent les deux parties dans un communiqué.
L’initiative pédagogique City-Tour permet aux participants de comprendre les différentes options possibles d’envoi et de réception de fonds, y compris leurs caractéristiques. Pour tout savoir sur les conditions d’accès, les délais d’exécution, etc.
Il s’agit pour les différents acteurs de connaître les différentes composantes de la tarification de ces options, et in fine, de « gagner en confiance pour choisir l’option la plus adaptée à leurs besoins ».
Organisées avec le soutien de la Fondation marocaine pour l’éducation financière, des expériences pilotes de City-Tour ont été menées avec succès entre octobre et novembre 2021, dans deux villes marocaines, auprès d’une quarantaine de participants.
À Casablanca, par exemple, les formations ont été tenues en partenariat avec des associations faisant la promotion de l’entreprise féminine ou luttant contre analphabétisme.
Un enjeu important
Le retour des participants des premiers City-Tours a montré que cette formation a permis aux bénéficiaires de mieux comparer les options disponibles pour envoyer ou recevoir un transfert d’argent et de choisir le service financier le plus pertinent compte tenu de leurs besoins.
Les participants, notamment les femmes, expliquent se sentir plus à l’aise et plus autonomes dans les agences financières.
Voilà pourquoi l’initiative Greenback Maroc s’apprête à élargir cette expérience à plusieurs villes du royaume. À l’occasion de la journée internationale des droits de la femme, un City-Tour dédié principalement aux femmes était organisé à Casablanca, le 8 mars.
Une étude conduite en 2021 par la BAM et la Banque mondiale permet de comprendre l’enjeu. La plupart des familles marocaines comptent un, voire plusieurs membres à l’étranger, souvent en France et en Espagne. La moitié des bénéficiaires de transferts internationaux reçoit des mensualités régulières. Le plus souvent, ces dernières concernent des femmes dont le mari réside à l’étranger ou des parents âgés entretenus par leurs enfants.
La plupart des familles marocaines reçoivent aussi des transferts occasionnels, à l’occasion d’anniversaires ou de fêtes religieuses, où lorsque des frais imprévus – médicaux notamment – interviennent.
Le plus souvent, les Marocains ont le choix entre plusieurs fournisseurs de services, ce sont en généralement des établissements de paiement, des banques, voire des spécialistes des transferts de fonds, dans les grandes localités.
La plupart des transferts sont réglés par l’expéditeur, donc les résidents marocains sont peu informés des tarifs, des conditions de transferts, etc. Ils sont aussi peu au fait des informations importantes comme les changements de réglementation et la fluctuation des taux de change.
De même, en ce qui concerne les transferts à l’intérieur du Maroc, les habitants ont tendance à négliger les circuits formels, et font confiance à des connaissances pour atteindre leur correspondant. Avec les risques que cette méthode comporte.
Ils sont, dans l’ensemble, peu au courant des tarifs, notamment au sein de la population non bancarisée, laquelle, par ailleurs reste méfiante devant les cartes bancaires.
Celles-ci, notamment les cartes prépayées, restent un moyen intéressant de transférer de l’argent à l’intérieur du pays. En conclusion, l’étude insiste sur la nécessité d’une meilleure information du public ; le City-Tour participe de cette démarche.
@ABKF