Afreximbank : Dessiner l’avenir du commerce africain

Vingt-cinq ans d’existence
Lors de la 25e assemblée générale annuelle à Abuja, Oramah a posé une série de questions rhétoriques qui ont mis en lumière le rôle indispensable que joue Afreximbank :
« Qui se serait engagé à proposer plus de 4 milliards $ à environ 500 banques d’Afrique afin qu’aucun pays ne se voie refuser l’accès aux financements du commerce en raison des coûts élevés de conformité ? »
« Qui aurait développé les liaisons entre les marchés africains en mobilisant près de 3 milliards $ pour soutenir les activités des compagnies aériennes africaines ? »
« Comment des sociétés nigérianes auraient-elles pu acquérir des champs pétroliers si la banque ne les avait pas financées ? »
« Qui aurait financé la création d’une capacité de transformation du cacao d’au moins 130 000 tonnes en Côte d’Ivoire et rénové des usines de transformation dans d’autres pays producteurs, comme le Ghana et le Nigeria ? »
«Qui aurait proposé 9 milliards $ à plusieurs banques centrales et banques commerciales africaines au plus fort des crises provoquées par la chute du prix des matières premières en 2014 et 2016 ? »
Oramah a ensuite donné plus de détails sur les résultats récents de la banque : « Depuis janvier 2016, treize pays africains sont devenus membres ou actionnaires de la banque, portant le nombre total de pays à cinquante États africains. La banque n’est plus loin d’atteindre son objectif de parvenir à l’adhésion de tous les pays d’Afrique ».
L’ambitieux plan Impact 2021
« En 2017, le produit net bancaire a augmenté de 25 % pour s’établir à 645 millions $, porté par des revenus d’intérêt élevés sur des actifs qui se chiffrent à 14 milliards $, dont 70 % sont des prêts et des avances », a-t-il poursuivi. « Le résultat net consolidé a progressé de 34 % pour atteindre un nouveau record de 220 millions $ », a ajouté Oramah. « Le niveau de liquidités était élevé : les espèces, etc., des banques se sont chiffrées à 3,2 milliards $, soit 153 % de plus qu’en 2016, tandis que le taux de couverture des liquidités était de 185 %, au-delà de l’objectif de 105 %. »
La banque a élaboré un plan stratégique ambitieux pour la période 2017-2021, baptisé Impact 2021. Oramah nous apprend que le plan dépasse déjà les attentes de la banque.
La signature de l’accord de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLEC) le 21 mars lors du sommet de l’Union africaine à Kigali, est un formidable bond en avant. Oramah a annoncé que la banque avait prévu l’octroi de 25 milliards $, sur la base d’un crédit renouvelable, d’ici à 2021, pour stimuler le commerce intra-africain – « une volonté collective du continent », précise-t-il.
Le directeur et économiste en chef de la banque, Hippolyte Fofack, a ajouté que la ZLEC devait mettre l’accent sur les politiques visant à favoriser la diversification des exportations dans chaque pays membre.
La technologie, clé du succès
Il a également insisté sur le fait qu’il était nécessaire de prendre de nouvelles mesures pour développer la fabrication et l’exportation de produits exigeant un savoir-faire technologique, afin de mettre fin à la dépendance de l’Afrique vis-à-vis des matières premières sans valeur ajoutée.
On estime que c’est la technologie qui pourrait permettre d’atteindre l’objectif de la banque d’accroître le commerce intra-africain. Le directeur de la stratégie et de l’innovation d’Afreximbank, Robert Ochola, définit trois projets principaux. Le premier est la plateforme de données sur la clientèle africaine, lancée lors de la 25e AGA, qui réunit les données des PME, grandes entreprises, banques, etc. Elle est destinée à assurer la conformité et promouvoir les investissements afin de développer le commerce. Elle porte le nom de Mansa – d’après le roi musulman du Mali, Mansa Musa, l’homme le plus riche d’Afrique qui, en 1342, a entrepris un pèlerinage à La Mecque, accompagné de nombreux serviteurs et de chameaux chargés d’or.
Les deux autres programmes sur lesquels travaille Afreximbank sont la création d’une plateforme transfrontalière de paiements et l’utilisation de la blockchain pour faciliter le commerce intra-africain. La plateforme pour les paiements en monnaie locale est sur le point d’être déployée tandis que la blockchain devrait être lancée d’ici la fin de l’année. Ce concept permettra d’éliminer l’énorme quantité de documents nécessaires pour exporter des biens. L’incorporation de ces documents à une blockchain permet aux parties autorisées d’y accéder en un instant, réduisant ainsi les coûts et accroissant l’efficacité des tâches administratives.
« Nous avons l’intention de mettre en oeuvre un projet pilote pour comprendre la valeur des technologies blockchain avant de la déployer à grande échelle », précise Robert Ochola. « Nous sommes en discussion actuellement ; nous devrions bientôt prendre la décision de participer à une ou deux blockchains mais nous devons au préalable effectuer davantage de recherche et développement pour voir où cela nous mène. »