La SIB, prudente, gâte ses actionnaires

La Société ivoirienne de banque, qui affiche une hausse de 8% de son résultat net annuel, versera un dividende élevé. Pour autant, la filiale d’Attijariwafa bank se montre prudente pour les mois à venir, provisionnant largement ses créances.
Par Aude Darc
Bien sûr, la croissance du produit net bancaire (pnb) n’est que de 3,6%. Il n’empêche, la Société ivoirienne de banque (SIB), filiale à 75% d’Attijariwafa bank, a plutôt bien résisté au choc pandémique, en 2020. Selon les données confiées à la BRVM (Bourse régionale des valeurs mobilières), la SIB a enregistré un pnb de 74,4 milliards de F.CFA (113,4 millions d’euros).
Pour les dirigeants de la SIB, la situation actuelle « n’augure pas de bons auspices pour l’exercice 2021, au cours duquel les impacts de la crise devraient continuer à avoir des effets négatifs sur le tissu économique ».
Sur la période, la banque dirigée par Daouda Coulibaly a réussi à contenir ses frais généraux (+2%). Ce qui lui permet d’afficher une hausse de 5% de son résultat brut d’exploitation, à 41,054 milliards de F.CFA. La crise sanitaire a contraint l’établissement, comme la plupart de ses concurrents, à passer d’importantes provisions ; ce qui explique un bond de 10% du coût du risque.
Selon la direction financière de la banque, ce bond « reflète les effets de la crise sanitaire qui a entraîné plusieurs défauts des clients, notamment chez les particuliers et chez les entreprises ; les plus importants, qui présentaient une certaine fragilité, ont dû être déclassés ». De même, face à l’ampleur de la crise sur les activités économiques et à ses conséquences non encore toutes visibles, et du fait des difficultés tangibles des clients à faire face à leurs engagements, il a paru prudent aux dirigeants de tenir compte de la capacité des clients déjà fragiles à revenir à meilleure fortune. Ainsi, des provisions complémentaires, conformément à la réglementation, ont été constituées sur les créances déjà compromises et déclassées, à hauteur de 3,5 milliards de F.CFA.
Cet important provisionnement n’a pas empêché la SIB de présenter une hausse de 8% de son résultat net, à 2,204 milliards de F.CFA. Une hausse certes moins forte que les années précédentes et moins importante au quatrième trimestre.
D’importantes commissions
« Compte tenu des effets de la pandémie, les crédits sont restés concentrés principalement sur les grandes entreprises qui négocient les conditions, ce qui a entraîné une réduction des taux moyens (-48 points). Ajouté à la forte progression des charges financières résultant de la collecte des dépôts à terme en 2019, cela a conduit à une faible progression de la marge d’intérêts client », explique la communication financière. De même, les revenus des produits et services ont été fortement perturbés par la crise sanitaire, du fait des mesures de baisse des tarifs des produits digitaux et de transferts d’argent, ainsi que par la baisse des activités à l’international.
En contrepartie, la Covid-19 a aussi poussé le gouvernement ivoirien à emprunter davantage, donnant des opportunités à des banques comme la SIB de trouver des sources de revenus. Ainsi, les gains du portefeuille de placements ont atteint 4,8 milliards de F.CFA (7,32 millions d’euros), compensant ainsi la baisse des revenus de commissions. De plus, la SIB a participé à l’animation du marché secondaire (vente des titres cotés), « ce qui a permis d’engranger d’importantes commissions ».
Pour ses dirigeants, la situation actuelle « n’augure pas de bons auspices pour l’exercice 2021, au cours duquel les impacts de la crise devraient continuer à avoir des effets négatifs sur le tissu économique ». Cet avertissement explique l’importance des provisions passées sur l’exercice écoulé.
Il est vrai que l’année 2020 s’est achevée avec une seconde vague de la pandémie, « conduisant à des mesures nouvelles de confinement à travers le monde et à la reconduction de l’état d’urgence sanitaire en Côte d’Ivoire », fait observer l’établissement.
La SIB fait observer que la pression concurrentielle s’accroit en Côte d’Ivoire, avec l’arrivée de deux nouvelles banques. En revanche, le climat des affaires semble plus apaisé, après la tenue des élections présidentielles. En dépit de cette prudence, et de résultats 2020 contrastés, la banque versera un dividende brut de 400 FCFA par action, un niveau de rémunération record.
Le total de bilan a progressé de 11%, à 1 224 milliards de F.CFA (1,87 milliard d’euros), à la faveur d’une forte hausse des collectes clients (+15%), supérieure aux crédits accordés (+10%). Dans cet environnement, rassurent les dirigeants de la SIB, cette dernière « continuera à jouer son rôle de banque leader en poursuivant la mise en œuvre de son plan Impact 2023 ».
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