Gouvernance : La gestion de la BAD saluée

L’agence de notation Moody’s a confirmé la note « AAA » de la dette à long terme de la Banque africaine de développement, avec une perspective stable. Le président Akinwumi Adesina y voit un encouragement à l’égard de sa gouvernance.
Par Paule Fax
« De solides réserves en fonds propres et une gestion des risques de première qualité. » L’agence de notation Moody’s ne saurait être plus élogieuse, confirmant dans une note avoir maintenu son « triple A » à l’égard de la BAD (Banque africaine de développement), fin octobre.
Laquelle banque voit la confirmation de la solidité de sa politique prudente de gestion des finances et des risques. « Une réserve suffisante de liquidités et un libre accès aux marchés de capitaux internationaux renforcent la capacité de la BAD à assurer le service de sa dette », estime l’agence américaine.
« Quoi que nous fassions, nous devons être guidés par l’impérieuse nécessité de créer des emplois durables pour la jeunesse africaine, dont l’avenir réside en Afrique, pas ailleurs », considère Akinwumi Adesina.
« En outre, la banque, en tant que première institution de développement en Afrique, bénéficie d’une longue expérience et de la capacité et de la volonté de ses actionnaires de soutenir ses objectifs de développement, illustré parfaitement par l’importance des contributions de pays membres non‑régionaux bénéficiant d’une notation élevée. »
Pour le président de la BAD, cette notation vient également valider « le dispositif de gouvernance, même face aux conditions difficiles qu’impose la pandémie de Covid-19 ». Selon Akinwumi Adesina, « le soutien exceptionnel » des actionnaires de la BAD renforce sa capacité à financer les pays d’Afrique. « Nous continuerons à gérer les risques et les besoins en capitaux de manière appropriée pour aider les pays du continent à reconstruire leurs économies au mieux et plus rapidement, tout en leur garantissant une résilience économique, sanitaire et climatique. »
La prise de conscience des banques de développement
De son côté, Bajabulile Tshabalala, première vice-présidente de la BAD, souligne que cette dernière est notée « AAA » avec une perspective stable « par toutes les grandes agences de notation internationales ». Ce, « grâce au fort soutien de ses actionnaires et à son profil financier solide ».
Akinwumi Adesina ne cesse de rappeler les grandes priorités de l’Afrique à l’ère post-Covid : financer l’infrastructure, créer des emplois, et investir auprès des femmes. Le président de la BAD ne cache pas que l’Afrique est « durement impactée » par la crise sanitaire. Néanmoins, le sursaut collectif des banques publiques de développement, tel que manifesté mi-novembre lors du sommet Finance en commun de Paris, permet d’inverser la tendance.
En effet, l’Afrique risque en effet de perdre 173 à 237 milliards de dollars de PIB rien qu’en 2020–2021. Conséquence directe, quelque 48 millions de personnes pourraient tomber dans l’extrême pauvreté et 30 millions de personnes pourraient perdre leurs emplois dans un continent qui accuse des retards importants de développement sur le reste du monde. Retards aggravés par un endettement important qui pourrait s’alourdir si rien n’est fait.
Si les banques publiques de développement harmonisaient effectivement leurs approches et leurs programmes – elles en ont pris l’engagement à Paris –, leur volume de prêt cumulé de 2,3 trillions $ par an leur permettrait de combler 92 % du différentiel de financement des ODD (Objectifs de développement durable). Encore mieux, pronostique Akinwumi Adesina : « Si ces ressources sont bien exploitées, en impliquant le secteur privé et en les alignant sur l’agenda climatique, nous pouvons non seulement atteindre les ODD mais également les dépasser, et il en va de même pour l’agenda climatique. »
La coopération internationale est d’autant plus pressante que l’Afrique revient de loin, avec un déficit de financement de l’infrastructure situé entre 68 et 108 milliards $ par an, un montant que le secteur public seul ne saurait mobiliser.
« Créer des emplois durables pour la jeunesse »
Ces investissements doivent être toutefois soucieux de l’environnement, rappelle le président de la BAD. Cependant, en dépit des besoins énormes en énergie de l’Afrique, nous devons investir dans les énergies propres, car « le futur réside dans les énergies renouvelables ». L’Afrique poursuit son ambitieux programme Desert to Power doté de 20 milliards $ pour produire 10 000 MW d’énergie solaire au Sahel.
La crise pandémique a également montré l’impérieuse nécessité pour l’Afrique de bâtir des systèmes sanitaires efficients, sans oublier d’autres secteurs tout aussi vitaux comme les TIC, l’eau potable et l’assainissement, le transport.
Tous ces efforts seraient vains s’ils n’étaient pas générateurs d’emplois pour les jeunes et d’opportunités économiques pour les femmes. « Quoi que nous fassions, nous devons être guidés par l’impérieuse nécessité de créer des emplois durables pour la jeunesse africaine, dont l’avenir réside en Afrique, pas ailleurs », considère Akinwumi Adesina.
Lequel a salué l’engagement pris par les banques publiques de développement pendant le sommet Finance en commun à mettre l’égalité de genre au centre de leurs stratégies. Les investissements des banques publiques de développement devraient cibler les femmes qui ont un rôle majeur à jouer dans le développement du continent.
Par exemple, l’Initiative pour favoriser l’accès des femmes au financement en Afrique (AFAWA), lancée par la BAD avec l’appui de l’Agence française de développement et du président Emmanuel Macron, vise ainsi à mobilier 5 milliards d’euros pour les femmes en Afrique.
PF