La France accorde un prêt de 200 millions d’euros pour soutenir des réformes économiques et sociales en Tunisie, souhaitées par les organismes internationaux, ainsi qu’un don d’un million qui vient s’ajouter à l’aide de l’Union européenne.
Dans l’attente d’un accord formel avec le FMI, la Tunisie reçoit le soutien de ses principaux bailleurs et partenaires. La semaine passée, on apprenait que l’Union européenne accordait un don de 100 millions d’euros au pays, en proie aux difficultés économiques et financières. Le programme européen « vise à appuyer et à conforter les progrès déjà enregistrés dans la distribution des aides sociales aux citoyens et aux entreprises nécessiteuses », explique la délégation de l’UE en Tunisie.
Un premier décaissement de 40 millions d’euros a aussitôt suivi cette annonce. Le reste sera accordé « sur la base des progrès effectifs réalisés dans la mise en œuvre de réformes structurelles » engagées par le pays. Une tonalité proche de celle du FMI, qui souhaite des avancées en matière d’attractivité des capitaux privés, d’efficacité des filets sociaux et des subventions aux ménages, sans oublier l’épineuse question des effectifs dans les entreprises publiques.
« À l’heure où la Tunisie s’apprête à accélérer la mise en œuvre de son Programme national de réformes, nous nous tenons, avec les autres bailleurs internationaux, aux côtés de nos partenaires tunisiens pour soutenir ces nouvelles politiques publiques. »
De son côté, l’AFD a confirmé, le 21 novembre, la signature d’un nouveau prêt de politique publique de 200 millions d’euros en appui aux réformes pour favoriser la résilience économique et sociale de la Tunisie. L’accord avait été signé deux jours plus tôt, en marge du 18e Sommet de la Francophonie, qui se tenait à Djerba.

« Ce nouveau financement ambitieux s’inscrit dans la continuité des engagements pris par le président de la République française, avec son homologue tunisien, Kaïs Saïed, lors de sa visite à Paris en juin 2020 de soutenir à hauteur de 350 millions d’euros le programme de réformes tunisiennes sur la période 2020-2022 », explique la Présidence française.
La France, poursuit l’Élysée, apporte des ressources significatives au moment où la Tunisie s’apprête à mettre en œuvre des réformes cruciales pour promouvoir une croissance durable et créatrice d’emplois, et à améliorer les conditions de vie de sa population.
De gros efforts
À travers ce soutien budgétaire, l’AFD poursuit notamment sa contribution au renforcement de la gouvernance des entreprises publiques et de leur performance ; à la mise en place d’un système de protection sociale plus efficace, équitable et inclusif ; à l’amélioration de l’offre de services financiers adaptés et diversifiés et à la promotion du secteur du transport urbain. En complément du financement budgétaire, un don supplémentaire d’un million d’euros (l’équivalent de 3,3 millions de dinars) est accordé pour mobiliser l’expertise tunisienne et internationale en accompagnement des réformes.
Ces soutiens suivent la publication d’un rapport peu amène de la Banque mondiale à l’égard de la Tunisie, y compris sous l’angle politique. Il faut au pays déployer « de gros efforts visant à parvenir à un consensus autour de la conception et de la mise en œuvre des réformes, d’une part, et à apporter des gains tangibles, à rétablir la confiance et à relancer la dynamique, d’autre part », jargonne l’institution. Ce dans un rapport publié mi-novembre intitulé « Rétablir la confiance et répondre aux aspirations pour une Tunisie plus prospère et inclusive ».
Ce rapport quinquennal, qui fait le point sur les avancés politiques et économiques du pays, constate un compromis politique au point mort. Difficile, dans des conditions de défiance citoyennes, d’amorcer des réformes significatives. Et la BM d’inviter le pouvoir à mieux tenir compte des doléances des Tunisiens.
Sur le plan économique, aussi, « le rétablissement de la confiance et la satisfaction des aspirations des citoyens tournent nécessairement autour de deux axes : la mobilisation du pouvoir des voix citoyennes et la création d’institutions plus inclusives ». La BM reconnaît toutefois les progrès du pays, depuis dix ans. Néanmoins, la Tunisie doit faire des efforts en matière de gains de productivité, après avoir sous-investi dans le capital productif et l’innovation, et avoir trop peu ouvert ses marchés à l’aiguillon de la concurrence.
L’ambassadeur de France, André Parant commente le soutien de son pays : « À l’heure où la Tunisie s’apprête à accélérer la mise en œuvre de son Programme national de réformes, nous nous tenons, avec les autres bailleurs internationaux, aux côtés de nos partenaires tunisiens pour soutenir ces nouvelles politiques publiques. Nous espérons ainsi contribuer dans la durée à la pleine mise en œuvre et réussite de ces mesures afin de réduire les inégalités et améliorer durablement les conditions de vie des Tunisiennes et des Tunisiens. »
@AB