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Pour une voix unique de l’Afrique à la COP27

Pour une voix unique de l’Afrique à la COP27
  • Publiéaoût 24, 2022

À l’approche de la prochaine COP27 en Égypte, les experts et analystes réunis par l’African Risk Capacity exhortent l’Afrique à forger une position commune et à défendre avec force une transition juste qui soutienne les efforts du continent pour faire face à l’urgence climatique.

 

La COP 27, qui a été surnommée « la COP de l’Afrique », est une occasion unique pour le continent d’adopter une position unie ferme pour que le reste du monde réponde pleinement à ses préoccupations et concrétise ses engagements passés et futurs par des actions concrètes.

Un appel a été lancé lors du deuxième séminaire organisé par l’ARC, une agence spécialisée de l’Union africaine créée pour aider les gouvernements africains à améliorer leurs capacités de planification, de préparation et de réaction aux événements climatiques extrêmes et aux catastrophes naturelles. Les experts ont appelé les dirigeants et les négociateurs mondiaux à convenir d’un mécanisme de décaissement des 100 milliards de dollars promis par les nations les plus riches pour aider les plus pauvres à faire face au changement climatique.

L’ARC a été créé pour aider les pays africains à mettre en place des stratégies d’atténuation, de résilience et d’adaptation. Il est important de disposer de systèmes basés sur la technologie pour avertir et préparer les nations aux événements climatiques.

Le séminaire a également analysé les retombées de la COP26 de 2021 en Écosse, les progrès réalisés par rapport aux engagements pris et la manière dont l’Afrique peut obtenir un meilleur accord lors de la COP27.

Dans son allocution de bienvenue, Cheikh Diong, secrétaire général adjoint des Nations unies, a déclaré qu’occasion était donnée de rassembler et de coordonner les voix africaines et de les réunir pour renforcer la position de l’Afrique avant la conférence. Soulignant le danger que représente le changement climatique pour le continent, il a appelé les pays et les organismes africains à unir leurs forces pour protéger le continent contre les catastrophes liées au changement climatique.

Pour Josefa Leonel Correia Sacko (Union africaine) a souligné que l’Afrique est confrontée à plusieurs menaces existentielles, notamment le changement climatique, l’impact du Covid-19 et les conflits en Europe, qui ont mis des millions de personnes en danger de faim et de pauvreté. « L’Afrique doit parler d’une seule voix pour répondre au défi du changement climatique. Il faut concentrer les efforts sur l’élaboration d’une position commune avant la conférence. » Elle a aussi demandé aux nations et aux institutions africaines d’exiger des comptes lors de la COP27 et de concevoir des mécanismes permettant de s’assurer que les promesses de longue date faites au continent soient tenues.

 

Investir dans les infrastructures

« Depuis la signature de l’accord de Paris sur le climat, peu de choses ont été faites pour augmenter le financement de l’action climatique en Afrique, contrairement à ce qui avait été promis lors de la préparation de l’accord. » Josefa Sacko a néanmoins salué l’appel lancé par l’Égypte en faveur d’une « COP de mise en œuvre » ; la COP27 doit aller au-delà des discours et se concentrer sur le lien entre les résultats des conférences précédentes et les actions futures. « L’Afrique doit veiller à ce que la vision qui anime l’agenda sur le changement climatique se traduise par des effets tangibles sur les communautés. Cela ne peut se faire que si l’Afrique forge une position de négociation commune pour renforcer ses demandes d’action. »

L’Égyptien Mahmoud Mohieldin, un des « Champions » des Nations unies sur le climat, a averti que le changement climatique aggravera les faiblesses financières de l’Afrique et la rendra encore plus endettée, car elle aura besoin de beaucoup plus de fonds pour renforcer sa résilience. Pour y faire face, l’Afrique devra établir des priorités en matière de dépenses afin de conserver sa capacité à faire face aux risques climatiques. Mahmoud Mohieldin se dit toutefois heureux d’une augmentation des investissements dans les énergies vertes sur le continent, notamment dans le solaire et l’hydrogène, dans des pays comme le Maroc et l’Égypte.

 

L’agriculture menacée

Kevin Kariuki, vice-président de la Banque africaine de développement, a observé que les économies africaines risquaient de perdre environ 50 milliards de dollars en raison des effets du changement climatique d’ici à 2030, soit quelque 7 % du PIB. Les effets se feront surtout sentir dans l’agriculture, où les changements de régimes climatiques compromettront la production et la sécurité alimentaires et mettront plus de deux cents millions de personnes en danger de famine.

Il a rappelé que les cyclones de 2019 en Afrique de l’Est ont entraîné la perte d’environ un millier de vies et de vastes zones de terres arables. L’Afrique doit améliorer ses mécanismes de préparation, notamment en investissant dans des systèmes d’alerte précoce et de prévision soutenus par des technologies modernes.

Abordant les leçons tirées de la COP26, Mahmoud Mohieldin a expliqué que les négociateurs de la COP26 avaient fait de leur mieux compte tenu des circonstances, mais que la plus grande responsabilité incombait aux équipes nationales. Il a insisté sur l’urgence de convenir d’un mécanisme de décaissement des 100 milliards $ promis par les nations les plus riches pour aider les plus pauvres à faire face au changement climatique. Il a déploré la perte de volonté politique des capitales occidentales, du retard pris dans le respect de leurs engagements et de leurs promesses. Il a déclaré que les engagements pris lors de la COP27 devront être assortis de calendriers précis et de critères de mise en œuvre pour garantir leur respect. Il a appelé à un renforcement de l’investissement et de l’innovation et à des réponses adaptées aux circonstances spécifiques de l’Afrique. Mahmoud Mohieldin a fait valoir que les problèmes régionaux doivent être pris en compte dans les discussions de la COP27 et qu’il doit y avoir un meilleur alignement entre les objectifs de développement social et l’action climatique. Des mesures pratiques doivent être définies pour garantir que les changements structurels ne compromettent pas les objectifs énergétiques et de développement du continent.

 

Du manque de responsabilité

Kevin Kariuki a appelé à davantage d’investissements pour l’Afrique, en particulier pour les 22 économies du continent qui sont les plus menacées. Au moins 128 milliards $ d’investissements sont nécessaires d’ici à 2030 et la COP27 devrait permettre de s’engager à nouveau sur les objectifs fixés pour cette étape. Il a insisté sur la nécessité de lier les objectifs climatiques à des critères de développement tels que la sécurité énergétique. L’énergie étant cruciale pour le développement durable, la COP27 doit se concentrer sur la manière de soutenir les projets d’énergie verte sur le continent. Il a appelé les dirigeants africains à prendre l’initiative et à assumer le leadership pour trouver les solutions aux besoins de l’Afrique.

Mahmoud Mohieldin a souligné que l’absence de mécanisme de responsabilisation était l’une des raisons de cet échec. Il a déclaré que les pays sont parfois incapables de respecter des engagements de cette nature en raison du manque de volonté politique, comparant cela à la vieille promesse de consacrer 0,7 % du PIB aux pays en développement. Il a appelé à ce que le secteur privé africain soit coopté dans l’agenda climatique pour aider à financer les efforts de l’Afrique.

Kevin Kariuki a expliqué que le processus d’accès à ces fonds peut être très compliqué et que la BAD travaille donc avec les pays pour renforcer leur capacité à demander, accéder et débourser les fonds. Il a ajouté qu’il était également important que les pays développés donnent la priorité au financement du climat, comme ils ont montré leur capacité à le faire face à la crise sanitaire.

Revenant sur le rôle de l’ARC, Ibrahima Cheikh Diong a expliqué qu’il avait été créé pour aider les pays africains à mettre en place des stratégies d’atténuation, de résilience et d’adaptation. Il a déclaré qu’il était important de disposer de systèmes basés sur la technologie pour avertir et préparer les nations aux événements climatiques. Grâce au groupe ARC, les pays africains peuvent souscrire une assurance contre les phénomènes météorologiques extrêmes et conserver la capacité financière de protéger les vies et les moyens de subsistance et de reconstruire leurs infrastructures à la suite de ces événements indésirables. Il a expliqué que, bien que seuls trente-cinq pays soient membres à l’heure actuelle, tous les pays africains peuvent prétendre à devenir membres du groupe ARC.

@NA

 

Écrit par
African Risk Capacity

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