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Nourrir l’Afrique : retour d’expériences

Nourrir l’Afrique : retour d’expériences
  • Publiéjanvier 27, 2023

Le Sommet Dakar 2 qui vient de s’achever a été l’occasion pour les chefs d’État africains de faire le point sur leurs politiques agricoles respectives et de prendre quelques engagements pour l’avenir.

 

Les chefs d’État présents à Diamniado, pour le Sommet Dakar2 Nourrir l’Afrique, ont témoigné de la manière dont des investissements judicieux ont transformé le secteur agricole de leurs pays. Tous ont rappelé que ces importants investissements étaient essentiels pour assurer la sécurité alimentaire de leurs citoyens et créer des emplois pour les femmes et les jeunes.

Ces dirigeants – pour beaucoup nés de parents agriculteurs et éleveurs –, ont évoqué les efforts qu’ils déploient pour développer le secteur agricole. Ils n’ont pas manqué de lancer un appel aux investisseurs privés et aux institutions financières pour les aider à développer ce secteur dont dépend la sécurité alimentaire et nutritionnelle de leurs populations.

« Le combat contre la faim et la pauvreté est un combat noble qui est facile à gagner si nous sommes ensemble et déterminés. »

Pays riche en ressources minières, la RD Congo a opéré un changement de paradigme depuis 2019 en mettant désormais l’accent sur l’agriculture pour que le sol prenne sa « revanche sur le sous-sol ». Cette emprise des ressources minières a longtemps empêché le pays de se développer véritablement. Le budget de l’agriculture a doublé et le budget global du pays quadruplé depuis 2019. La RD Congo investit massivement dans la production de manioc qui intervient désormais pour 10 % dans la fabrication du pain.

Aujourd’hui, la production de manioc permet à la RD Congo de réaliser 10 à 20 millions de dollars d’économie sur l’importation du blé, calcule le président Félix Tsishekedi. Le pays investit aussi dans la culture du soja, essentiel pour lutter contre la malnutrition et pour l’alimentation du bétail. « Nous avons identifié huit sites où nous développerons des zones de transformation agroindustrielles. »

Le président Félix Tsishekedi (RD Congo) s’exprime sous le regard de son homologue de Guinée Bissau, Umaro Sissoco Embalo.
Le président Félix Tsishekedi (RD Congo) s’exprime sous le regard de son homologue de Guinée Bissau, Umaro Sissoco Embalo.

 

En Centrafrique, où le coton contribue fortement à la formation de la richesse nationale, le gouvernement encadre les petits exploitants et appuie les producteurs dans la mécanisation agricole. L’État apporte gratuitement les engrais aux producteurs car le secteur du coton joue un effet levier dans la production vivrière. « Nous estimons que d’ici quelques années, nous atteindrons 6 millions d’hectares d’exploitation agricole », précise le président Faustin-Archange Touadéra.

 

Le plan Generation Green du Maroc

Au cours de la dernière décennie, le Maroc a investi dans le cadre du « Plan Maroc vert » – qui s’est terminé en 2020 – 13 milliards de dollars dont 4 milliards provenaient des institutions financières. Cela a permis d’obtenir une croissance agricole de 5 %, y compris pendant les années de sécheresse, se félicite le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch.

« Pour nous, l’investissement est au cœur de l’équation. Il regroupe les semences, la mécanisation, les engrais, le foncier, la formation, la recherche. C’est le plus important si on veut avoir une productivité et de la valeur ajoutée. » Le Maroc a déjà créé quatre agropoles dans le cadre de ce programme. Et l’on sait que le roi Mohammed VI vient de lancer un nouveau programme, dénommé « Génération Green », qui permettra d’assurer la sécurité sociale des agriculteurs et d’améliorer l’employabilité des jeunes avec 1 million d’hectares qui leur seront octroyés. De même, le programme vise à faire entrer 400 000 familles dans la classe moyenne.

« Le Gabon a une biodiversité exceptionnelle mais paradoxalement, le secteur agricole ne représente que 5 % du PIB et le pays importe près de 450 milliards de F.CFA (686 millions d’euros) de produits alimentaires et 20 % de la population est employée dans le secteur agricole », résume la vice-présidente du pays, Rose Christiane Ossouka Raponda

Aussi, le gouvernement gabonais veut-il renverser la tendance et permettre à l’agriculture de contribuer davantage à la constitution du PIB et à long terme exporter des produits agricoles transformés sur place. Lançant un « vibrant appel à tous les partenaires qui œuvrent dans le secteur alimentaire à venir au Gabon », la vice-présidente Raponda a indiqué que le gouvernement avait pris des mesures pour améliorer le climat des affaires avec des avantages fiscaux et douaniers. « Une loi d’orientation stipule que pour accéder au marché local, 50 % des produits agricoles doivent être locaux, l’objectif étant de faire en sorte que la contribution du secteur agricole dans la formation du PIB passe de 5 % à 20 % et que les importations soient réduites de 50 %. »

 

Un combat noble contre la faim

De son côté, la Guinée Bissau, riche en terres très fertiles, investit prioritairement dans la production de riz, de manioc et de patate douce et commence à en récolter les fruits. Elle exporte une partie de sa production de patate au Sénégal voisin.

« La Guinée Bissau est une petite économie mais avec l’appui de la communauté internationale, notamment de la Banque africaine de développement, nous menons une politique agricole plus intense. Nous parviendrons d’ici 2025 à augmenter nos rendements de riz qui est une denrée de base au même titre que le manioc et la patate douce », promet le président Umaro Sissoco Embalo.

Usant d’un lexique militaire, le président du Burundi, Évariste Ndayishumiye, estime que « le combat contre la faim et la pauvreté est un combat noble qui est facile à gagner si nous sommes ensemble et déterminés. »

À travers le programme, « chaque bouche doit avoir à manger et chaque poche doit avoir de l’argent », le Burundi a organisé les paysans dans des groupements productifs et dispose aujourd’hui de « bataillons de combat contre la faim et la pauvreté » à qui le gouvernement fournit intrants agricoles, semences, engrais et biopesticides. Le gouvernement a également créé une Banque nationale de développement économique, une banque de développement pour les jeunes et une autre pour les femmes ainsi qu’un fonds de garantie et d’accompagnement pour les jeunes qui ne disposent pas de garanties auprès des banques.

 

Mécanisation de l’Éthiopie

Chaque coopérative agricole a reçu 10 millions de francs burundais (près de 4 500 euros) pour accéder aux intrants agricoles et le gouvernement subventionne pour 70 % les engrais, les 30 % restant sont supportés par les producteurs. Le principal défi du Burundi demeure la transformation, la conservation et la commercialisation des produits agricoles pour permettre aux paysans de tirer des revenus substantiels de leur production, reconnaît le président Ndayishumiye.

Évariste Ndayishumiye, président du Burundi, accueilli par le président de la BAD, Akinwumi Adesina.
Évariste Ndayishumiye, président du Burundi, accueilli par le président de la BAD, Akinwumi Adesina.

 

Enfin, l’Éthiopie a réussi une forte transformation de son secteur agricole malgré d’énormes défis liés à la faible compétitivité et à la faible productivité, dues à une faible adoption de la technologie, de faibles financements et des problèmes liés au changement climatique. Le pays a doublé son budget agricole au cours des quatre dernières années et aujourd’hui, le pays a atteint son autosuffisance alimentaire en blé et veut désormais en exporter dans la région. Selon son ministre chargé du Plan, Festa Masefa, l’Éthiopie produit 25 millions de quintaux de blé grâce à l’irrigation, elle dispose de 1 million d’hectares irrigués pour la saison sèche et peut désormais récolter du blé en 90 jours. Le pays a investi dans la mécanisation, la sécurisation du domaine foncier pour les paysans et a mené une politique d’organisation des producteurs regroupés en coopératives.

PF, d’après un compte rendu de la BAD.

@NA

Écrit par
Paule Fax

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