Ngozi Okonjo-Iweala : « Ne me gênez pas! »

Une négociatrice hors pair
Finalement, elle a adopté cette science. « L’économie explique le monde. Elle capte la façon dont le monde travaille. L’analyse et la dynamique du développement m’ont intriguées et préoccupées toute ma vie. »
Ngozi Okonjo-Iweala devait passer 25 ans à se plonger dans toutes les facettes de l’économie telles qu’elles se jouaient aux niveaux national et international à la Banque mondiale. Son approche de bon sens ainsi que son sens du détail l’ont amenée à devenir rapidement directrice générale, le deuxième poste le plus élevé de l’institution.
Bien qu’elle n’ait pas vraiment changé la Banque mondiale, elle l’a néanmoins secouée de temps en temps, s’assurant que les problèmes de développement n’étaient pas mis sous le tapis ou traités de manière superficielle. Ses collègues expliquent qu’elle a également inspiré d’autres Africains de la banque à soulever des questions difficiles, au lieu de suivre fidèlement la ligne orthodoxe.
C’est lorsqu’elle est devenue ministre des Finances du Nigeria, sous la présidence de Olusegun Obasanjo, en 2003, qu’elle a commencé à faire bouger les choses avec force. Malgré les prix élevés du pétrole, l’économie nigériane était étranglée par un fardeau croissant de la dette, due principalement aux exigences du Club de Paris des nations occidentales.
Les pourparlers d’Okonjo-Iweala avec le Club de Paris sont considérés comme un classique de l’art de la négociation. Elle a persuadé les pays membres d’annuler ou rééchelonner la dette du Nigeria, dont une annulation pure et simple de 18 milliards de dollars. L’un de ses collègues de la Banque mondiale, David Ferranti, commente : « La façon dont elle a conclu l’accord sur la dette est incroyable. Très peu de gens auraient pu le faire. »
Avec la frugalité et la discipline qui lui ont été instillées depuis son enfance, Ngozi Okonjo-Iweala s’est engagée à réduire les dépenses au ministère des Finances, mettant en œuvre des politiques pour stabiliser l’environnement économique du pays.
Elle a insisté pour que chaque État publie ses rapports financiers, chaque mois. Elle a introduit des systèmes de gestion électroniques pour lutter contre la corruption et améliorer la transparence. Et elle a obtenu la toute première note de crédit de la dette souveraine du Nigeria, auprès de Fitch.
Okonjo Wahala
Son deuxième passage en tant que ministre des Finances a eu lieu sous l’administration du président Goodluck Jonathan (2011 – 2015). Elle avait des idées très claires sur la manière d’améliorer le niveau de vie des Nigérians. Elle a conclu des accords de refinancement hypothécaire.
Elle a favorisé les organisations axées sur les entreprises pour les femmes et les jeunes, qui ont généré des centaines de milliers d’emplois. Elle a travaillé avec le département national des statistiques pour changer les calculs du PIB. Du jour au lendemain le Nigeria, et non l’Afrique du Sud, avait la plus grande économie du continent !
Sans doute, ce qui vivement marqué son deuxième passage en tant que ministre des Finances, est sa campagne sans compromis pour mettre fin au scandale des subventions pétrolières qui coûtaient au pays des milliards de dollars chaque mois.
Cela a déclenché une tempête de protestations. Elle a gagné le surnom d’Okonjo Wahala. La « femme trouble » a rétorqué : « Peu m’importent les noms qu’ils me donnent. Je suis une combattante. Je suis très concentrée sur ce que je fais et implacable dans ce que je veux réaliser. »