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Le Maroc redoute des répliques

Le Maroc redoute des répliques
  • Publiéseptembre 10, 2023

Selon un bilan encore provisoire, plus de 2 100 personnes ont trouvé la mort dans le séisme de magnitude 6,8 qui a dévasté la région de Marrakech au Maroc, le vendredi 8 septembre au soir. Difficilement, la solidarité s’organise, dans la peur de répliques. Actualisation.

 

Le séisme qui a frappé la région de Marrakech a atteint une magnitude de 6,8 degrés sur l’échelle de Richter, selon les données des sismologues. L’épicentre se situait dans la province d’Al-Haouz, au sud-ouest de la ville touristique. Un bilan mis à jour le 10 septembre, en fin d’après-midi, fait état d’au moins 2 122 morts et 2 421 blessés, selon les autorités marocaines.

L’aide internationale peine à arriver ; le gouvernement marocain n’aurait pas formulé de demandes spécifiques, sauf à l’égard de l’Espagne. Pourtant, toutes les capitales du monde ont fait part de leur solidarité, plusieurs pays ont débloqué des fonds ou ont mobilisé des équipes de secouristes. À court terme, il s’agit pour les secouristes de gagner les zones reculées en toute sécurité, et d’organiser la collecte de sang, qui semble le premier impératif.

Bien sûr, les premiers bénévoles sont arrivés sur place ; leur premier objectif, en pareil cas, est de mettre les populations à l’abri – donc de les éloigner des structures susceptibles de s’effondrer – et de prévoir leur ravitaillement.

Le séisme, qui a frappé le vendredi 8 septembre, à 23 h 11 précisément, a été ressenti à Rabat, Casablanca, Agadir et Essaouira. Selon le ministère marocain de l’Intérieur, plus d’un tiers des morts ont été recensées à Al-Haouz, épicentre du séisme et à Taroudant plus au sud. La ville même de Marrakech ne serait pas la plus affectée, en termes de bilan humain. Il s’agirait du plus important séisme jamais enregistré au Maroc. Plus de la moitié des victimes ont été recensées à Al-Haouz et à Taroudant, plus au sud, deux zones rurales montagneuses au cœur du Haut Atlas, selon le ministère de l’Intérieur.

Pour faire face aux conséquences de ce puissant séisme, l’ambassade de France au Maroc a ouvert une cellule de crise, joignable au +212 537 689 900.

 

Ighil, la zone de l’épicentre du séisme dans le Haut Atlas, est une zone montagneuse avec de petits villages agricoles. La plupart des maisons ont été endommagées. « Nos voisins sont sous les décombres et les gens travaillent dur pour les secourir en utilisant les moyens disponibles dans le village », témoigne un habitant auprès de l’agence Reuters. La densité de la population, y compris dans les zones rurales, la fragilité des habitations, les difficultés d’accès par la route, autant d’éléments qui font dire aux organisations humanitaires que les secours seront long à se déployer.

La cité de Marrakech est très embouteillée. Les accès à la ville, à la Medina, à la place Jemaa el-Fna, sont interdits.

Les témoignages et photos diffusées sur les réseaux sociaux montrent d’importants dégâts matériels dans la médina de Marrakech. Par exemple, les ruelles du quartier juif, le Mellah, aux bâtiments de brique, sont jonchées de débris ; les vieilles bâtisses se sont affaissées et les toitures en bois ont été cassées. Les quartiers résidentiels, où sont regroupés les hôtels, semblent moins affectés. Une partie d’un minaret se serait effondrée sur la place Jemaa el-Fna.

Très tôt dans la nuit, le roi du Maroc a donné instruction de déployer les Forces armées royales (FAR) dans la zone sinistrée. Y sont déployés en urgence des moyens humains et logistiques, aériens et terrestres, ainsi que des modules d’interventions spécialisés, des équipes de recherche et sauvetage, ainsi qu’un hôpital médico-chirurgical de campagne. « Des détachements d’intervention, des avions, des hélicoptères, des drones et des moyens du Génie ainsi que des antennes logistiques sont déployés sur les lieux en vue d’apporter le soutien nécessaire aux différents départements concernés et aux populations sinistrées »,  précise un communiqué de l’état-major général des FAR.

 

La Charte internationale Espace et catastrophes majeures a été déclenchée. Ce dispositif permet notamment de réunir toutes les images satellites possibles pour aider les secours.

Les capitales étrangères ont toutes apporté des messages de compassion et fait part de leur volonté d’aider le Maroc. « Des nouvelles dévastatrices font état d’un tremblement de terre important juste à l’extérieur de Marrakech, au Maroc. Le Royaume-Uni continue de soutenir les ressortissants britanniques dans la région. Nous sommes prêts à aider nos amis marocains par tous les moyens possibles », a très tôt réagi le ministre britannique des Affaires étrangères James Cleverly.

Président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat a réagi sur les réseaux sociaux : « J’ai appris avec une grande douleur les conséquences tragiques du séisme qui a frappé le royaume du Maroc. J’exprime mes profondes et sincères condoléances à Sa Majesté le Roi Mohamed VI, au peuple marocain et aux familles des victimes. »

« Nous sommes tous bouleversés après le terrible séisme au Maroc. La France se tient prête à aider aux premiers secours », a indiqué le président français Emmanuel Macron.

Le gouvernement français a débloqué des fonds, organisant son aide. La présidente de la région île de France, Valérie Pécresse, a débloqué des fonds de son administration pour venir en aide aux Marocains. Il en est de même d’Anne Hidalgo. La maire de Paris réunira en urgence, lundi 11 septembre, l’association internationale des maires francophones, instance qu’elle préside. Le maire de Marseille, Benoît Payan, annonce déjà l’envoi de marins-pompiers dans « la ville sœur » de Marrakech.

Pour faire face aux conséquences de ce puissant séisme, la représentation française au Maroc a ouvert une cellule de crise. Le ministère des Affaires étrangères français maintient une antenne de crise à Paris. Deux numéros ont été ouverts « pour répondre aux demandes de renseignement ou d’aide de nos compatriotes » : le +212 537689900 au Maroc et le 01 43 17 51 00 en France.

L’Espagne est disposée à envoyer des secouristes, a révélé le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, en marge du Sommet du G20 qui se déroule en Inde. L’« Espagne a proposé au Maroc, s’il l’estime nécessaire, à la fois des équipes de secours, ce qui est en ce moment le plus important, mais aussi son aide pour la reconstruction, une fois que ce moment sera passé », a-t-il précisé.

L’Algérie, qui a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en août 2021, a néanmoins présenté « ses sincères condoléances au peuple marocain frère pour les victimes du tremblement », selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères à Alger. Le pays va ouvrir son espace aérien aux vols humanitaires à destination du Maroc.

De son côté, le service médical israélien Magen David Adom (MDA) a déclaré samedi matin que ses représentants partiront au plus vite avec une délégation israélienne au Maroc.

« Il s’agit d’un séisme important, qui nécessite une réponse à grande échelle et une coopération entre un grand nombre d’organisations », a déclaré le directeur général du MDA, Eli Bin, dans un communiqué de presse évoquant une lettre écrite au Croissant-Rouge marocain.

 

La Suisse a proposé de fournir des abris temporaires, du matériel de traitement et de distribution d’eau, des installations sanitaires et des kits d’hygiène. Le Qatar promettait l’envoi d’une équipe de secours dès le 9 septembre au soir.

Les autorités marocaines recommandent aux habitants de se tenir éloignés des habitations, redoutant des répliques du séisme de vendredi soir. Sur ce point, les sismologues considèrent qu’elles ne sauraient être aussi violentes que la première secousse, mais qu’elles restent dangereuses, ne serait-ce que pour les installations déjà fragilisées. À noter que les autorités marocaines et les spécialistes appellent à se méfier des fake news, fréquentes en pareil cas, relatives à d’éventuelles répliques. 

Les secours s’organisent donc, même si les besoins sont encore difficiles à définir. Les aéroports de la région ayant été épargnés, des ponts aériens sont faciles à organiser. De nombreuses ONG sont mobilisées. Les autorités sanitaires lancent des appels au don du sang, partout dans le Royaume.

Entre autres initiatives, au Maroc, la Fédération nationale des cliniques privées met à la disposition des autorités gouvernementales toutes les cliniques et institutions de santé privées avec leurs ressources humaines et techniques afin d’assurer la prise en charge des blessés.

D’autre part, les professionnels du tourisme commencent à enregistrer des départs du Maroc et des annulations de réservation. Ils tentent pourtant de se montrer rassurants, expliquant qu’aucune infrastructure hôtelière n’a été touchée.

(Dernière actualisation le 10 septembre à 20 heures, heure française).

@NA

Écrit par
Laurent Allais

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