La TICAD 8 au rendez-vous

Les Africains attendent des retombées concrètes de la huitième TICAD qui a débuté ce 27 août à Tunis. Un rendez-vous terni par l’absence du Premier ministre japonais, pour cause de Covid, et par la brouille diplomatique soudaine entre la Tunisie et le Maroc.
La huitième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) commence ses travaux, ce 27 août, à Tunis. Ce rendez-vous très attendu a pour but de nouer un « véritable partenariat » entre le Japon et l’Afrique, par « un développement mené par les Africains », pour reprendre les termes de la partie japonaise. Déception de dernière heure : le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, a contracté la Covid-19 juste avant le sommet, fera ses interventions en ligne depuis le Japon.
Un responsable du ministère japonais des Affaires étrangères répond à l’AFP que « la diplomatie africaine du Japon peut être résumée en deux mots : appropriation et partenariat ».
Officiellement, la TICAD 8 a pour objectif de « discuter comment créer ensemble un monde durable », dans « le contexte complexe de l’épidémie de Covid et la situation en Ukraine ». Cette série de rendez-vous est mise en œuvre depuis 1993, en partenariat avec les Nations unies et, depuis 2020, avec la Banque mondiale. L’objectif de cette initiative a toujours été de promouvoir un dialogue politique entre les dirigeants africains, le Japon et leurs partenaires dans le développement. Cette édition tunisienne prend un tour particulier, compte tenu de la conjoncture économique de l’Afrique et du monde. Les dirigeants africains attendent des résultats concrets ; la conférence se double de rencontres économiques et il pourrait en découler une batterie de contrats d’envergure, annoncés au fil des mois.
La TICAD s’enrichit également de conférences associant politiques et représentants de la société civile, dont certains débats centrés sur l’inclusion des femmes.
Le Japon « entend fortement soutenir un développement mené par les Africains eux-mêmes », réitère le ministère des Affaires étrangères sur son site. Qui, présentant le sommet, insiste sur les atouts de l’économie japonaise : « une croissance de qualité et l’accent mis sur la population. » On le voit, un tel rendez-vous permet aussi de vendre la « destination Japon » et, pour l’Archipel, de tenter de réduire l’influence du grand rival chinois, et, dans une moindre mesure, celle des États-Unis.
Environ 5 000 participants parmi lesquels une trentaine de chefs d’État et de gouvernement venus de toute l’Afrique sont attendus à ce sommet qui s’achèvera dimanche midi.
Bien sûr, le pays hôte du sommet, la Tunisie, entend bien recueillir des retombées économiques concrètes de la réussite de ce sommet. Plus de 80 projets d’une valeur de 2,7 milliards de dollars seraient en cours de finalisation, selon la Chambre de commerce tuniso-japonaise.
Retrait soudain du Maroc
Sur le plan économique, trois thématiques principales sont retenues : comment accroître les investissements japonais en Afrique, comment mieux soutenir les start-up et le développement durable, comment renforcer la sécurité alimentaire de l’Afrique. Au-delà de l’aide d’urgence, le Japon prévoit ainsi d’aider plusieurs pays africains dans la production de riz, qui pourrait doubler, à terme. Globalement, l’aide du Japon à l’Afrique pourrait augmenter de 40 % en trois ans, croit savoir le journal économique Nikkei.
Interrogé sur ce point, un responsable du ministère japonais des Affaires étrangères répond à l’AFP que « la diplomatie africaine du Japon peut être résumée en deux mots : appropriation et partenariat ».
Enfin, une telle réunion internationale ne peut pas faire l’impasse sur le volet politique, tandis que certains pays d’Afrique sont secoués par des tensions. Le Japon veut soutenir la consolidation de la démocratie, l’État de droit, la prévention des conflits et les médiations, notamment au Sahel et dans la Corne de l’Afrique.
Toutefois, le sommet a débuté sur une inquiétude et sur un couac. L’inquiétude est que certains dirigeants africains ne fassent pas le déplacement à Tunis si le Premier ministre japonais n’y est pas.
Le couac est le retrait brutal du Maroc, furieux que le président tunisien ait accueilli, sans discrétion aucune, Brahim Ghali, le chef du Front Polisario. Le Maroc rappelle son ambassadeur dans le pays. « La Tunisie a décidé unilatéralement d’inviter l’entité séparatiste, contre l’avis du Japon et en violation du processus de préparation et des règles établies », proteste le ministère marocain des Affaires étrangères. Qui précise que cela « ne remet pas en cause l’attachement du Royaume du Maroc aux intérêts de l’Afrique et à son action au sein de l’Union africaine et de son engagement au sein de la TICAD ».
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@AB