Des nouvelles du continent

Amusantes, inquiétantes, inspirantes, toujours édifiantes. Les informations venues d’Afrique se déclinent aussi en petit format. Au menu, un léopard curieux, le potentiel du baobab, des maisons faites de plastiques recyclés.
Par Anver Versi
Trouver le chat de votre voisin dans votre maison peut causer une légère irritation si vous n’êtes pas un amoureux des chats, mais trouver un léopard errant dans votre maison, c’est une autre histoire…
Un léopard dans la maison !

Le plus petit des « grands félins », le léopard, est connu pour être très adaptable et peut vivre dans presque tous les types d’habitats, y compris les déserts, les forêts tropicales, les forêts, les montagnes, les broussailles côtières ou les marécages. Un léopard a décidé d’aller plus loin et a ajouté une maison résidentielle à sa collection de lieux visités.
Le léopard a réussi à sortir du parc national de Tsavo pour se rendre dans une maison de la ville voisine de Voi, dans le comté de Taita Taveta. Les services kenyans de la faune (KWS) ont été alertés et les gardes ont rapidement calmé le félin, avant de le ramener au parc.
Les passants amusés ont pris le temps de prendre des photos ; une vidéo mise sur Twitter a été vue près de 10 000 fois en quelques heures.
Un porte-parole du KWS a fait la lumière sur l’incident en relativisant, d’une façon singulière : « Ce n’était pas grave, cela arrive tout le temps ! » Cette déclaration, sans doute, a déclenché sans aucun doute un contrôle de sécurité des portes et fenêtres avant l’heure du coucher dans la région !
Le nombre d’animaux s’éloignant des parcs nationaux africains a augmenté ces dernières années, souvent en raison du développement de villages et de villes qui affectent leur environnement naturel. En juillet 2021, un lion du parc national de Nairobi a fait sensation lorsqu’il a été retrouvé en pleine excursion d’une journée dans un quartier du sud de la capitale kenyane.
À tous ces humains qui le visitent, il ne faisait que leur retourner le compliment !
Le baobab, « l’arbre de vie » de l’Afrique

Le baobab est une icône de l’Afrique, enveloppée de mythes et de légendes, mais il est peut-être désormais à la merci du réchauffement climatique.
Ces géants préhistoriques sont antérieurs à l’humanité et peuvent vivre des milliers d’années, mais au cours des deux dernières décennies, les scientifiques ont fait une découverte troublante : les plus grands arbres sont en train de mourir soudainement et personne ne sait vraiment pourquoi.
Présent dans une trentaine de pays en Afrique, « l’arbre de vie », comme on appelle le baobab, est un acteur majeur de l’écosystème des savanes sèches d’Afrique car il prospère dans des climats plus secs et moins tropicaux.
Le magazine National Geographic a calculé que la demande mondiale de baobab pourrait potentiellement valoir 1 milliard de dollars par an pour l’Afrique rurale. Quand on regarde les nombreuses utilisations qui proviennent de cet arbre, de la nourriture, des médicaments et des abris, au fourrage du bétail, on comprend que son importance devient tout à fait claire.
Ses feuilles sont riches en fer et peuvent être bouillies et mangées comme des épinards, tandis que son étrange fruit en forme de saucisse contient six fois plus de vitamine C que les oranges. Même les graines peuvent être torréfiées pour devenir un substitut semblable au café. Ajoutez à cela les qualités médicinales qui ont été vérifiées pendant des siècles pour traiter les infections, les fièvres, et revigorer le système immunitaire. Le baobab a donc des qualités indéniables que l’Afrique ne peut ignorer.
Depuis 2008, les produits du baobab sont progressivement exportés ; le processus de reconnaissance fut lent, mais ils sont maintenant recherchés pour leurs puissantes et bénéfiques propriétés. Le baobab a le potentiel de devenir un super aliment mondial qui, s’il est promu de manière appropriée, donnerait un énorme coup de pouce à une économie rurale en difficulté.
Les scientifiques ont découvert que neuf des arbres les plus anciens et les plus grands ont péri au cours de la dernière décennie et beaucoup désignent le changement climatique comme le principal facteur.
Le baobab n’a jamais eu la faveur des agriculteurs africains en tant qu’arbre à domestiquer en raison de la longévité de sa croissance (de 8 à 23 ans). Depuis 2021, une culture révolutionnaire de la plante par une équipe de chercheurs du département du Développement de l’agro-industrie à l’Université technique de Ho, au Ghana, semble prête à tout changer. La réingénierie des semis de baobab a permis de réduire le temps de croissance à seulement trois ans, ce qui en fait une option très viable pour l’agriculture.
L’un des plus connus et des plus visités de ces géants est le « Big Tree » du Zimbabwe, vu par des milliers de visiteurs chaque année en route vers l’une des principales attractions du pays, les chutes Victoria.
Transformer les déchets plastiques en maisons
En 2018, la Banque mondiale estimait que 29,2 % de la population urbaine mondiale vivaient dans des bidonvilles ou des quartiers d’habitation classés comme inhabitables. En Afrique subsaharienne, ce chiffre a fortement augmenté pour atteindre 53,6 %, avant la pandémie. Celle-ci a déclenché un contrecoup économique et sanitaire, aggravant encore ce problème aigu.
Depuis 1978, les Nations unies font la promotion du développement urbain durable, à travers ONU-Habitat. De son siège à Nairobi, au Kenya, l’organisation s’est récemment associée à une start-up norvégienne visionnaire, Othalo, dont l’objectif est de lutter contre deux problèmes humanitaires : les déchets plastiques et le manque de logements habitables.
L’Afrique subsaharienne produit à elle seule 17 millions de tonnes de déchets plastiques par an. Ce projet pourrait avoir un impact considérable si tous ses objectifs sont atteints.
Trois maisons de démonstration ont déjà été construites dans les capitales du Sénégal, du Kenya et du Cameroun. Les maisons sont des habitations à deux étages avec des balcons et des terrasses couvertes. Elles sont construites en utilisant environ huit tonnes de plastique chacune.
Les déchets plastiques sont mélangés à d’autres matériaux, y compris des non inflammables, et le mélange résultant est utilisé pour fabriquer des murs, des sols et des toits. Des plans prévoient la création d’une usine de fabrication au Kenya et les premières maisons devraient être construites cette année.
Nzambi Matee, entrepreneure kenyane de renom et ingénieure en mécanique de formation, a également utilisé ses compétences et son esprit inventif pour créer une autre entreprise qui utilise avec succès des déchets plastiques mélangés à du sable pour produire des briques de construction plus résistantes que le béton.
@NAF