Afrique du Sud : les opportunités de la cinquième Conférence sur l’investissement

Johannesbourg accueille, ce 13 avril 2023, sa cinquième Conférence sur l’investissement (SAIC). En tant qu’économie la plus diversifiée du continent, l’Afrique du Sud offre un large éventail d’opportunités d’investissement dans un grand nombre de secteurs.
La dernière étape de l’ambitieuse campagne d’investissement de cinq ans de l’Afrique du Sud devrait atteindre l’objectif de lever plus de 1,2 trillion de rands (70 milliards de dollars). Elle mobilise les plus grandes entreprises du pays et suscité un vif intérêt dans le monde entier, notamment de la part des membres du Conseil de coopération du Golfe au Moyen-Orient, du Canada, de la Belgique, de la Turquie, de la Chine, de l’Allemagne et de la République tchèque, entre autres.
La SAIC de l’année dernière a permis de recueillir 367 milliards de rands (21 milliards $) de nouveaux engagements d’investissement, « ce qui nous permet d’atteindre notre objectif d’investissement sur cinq ans », déclare InvestSA, qui organisateur de la conférence. « Depuis 2018, l’Afrique du Sud a attiré 1,4 trillion de rands (78 milliards $) d’engagements. Cela représente 95 % de l’objectif initial et s’est traduit par des investissements dans un large éventail de secteurs économiques. Ces secteurs vont du développement des infrastructures, des soins de santé, de l’immobilier, de la logistique, de l’agro-transformation, de l’alimentation et des boissons, de l’automobile aux industries créatives et artistiques.
D’autres domaines d’investissement très prometteurs comprennent la production d’électricité, dans le cadre de l’objectif du pays d’augmenter la capacité à 6 800 MW à moyen terme et du programme d’achat d’énergie renouvelable par des producteurs indépendants et de la transition vers l’énergie verte.
Le soutien durable des investissements, tant nationaux qu’étrangers, est un vote de confiance dans le potentiel de l’Afrique du Sud, qui reste l’économie la plus diversifiée d’Afrique et, pour de nombreuses multinationales, une porte d’entrée sur le continent africain.
L’Afrique du Sud a connu l’une des pires situations pendant la pandémie de Covid et les fermetures d’entreprises qui ont suivi ont fait des ravages, en particulier parmi les PME, grossissant les rangs des chômeurs.
La crise énergétique et l’incapacité d’Eskom à répondre à la demande croissante ont aggravé les difficultés du pays. Les luttes politiques intestines au sein de l’ANC au pouvoir et les scandales de corruption à haut niveau n’ont pas arrangé les choses.
Néanmoins, le pays a réussi à tenir bon grâce à une superstructure financière et bancaire solide et à une longue tradition de gestion astucieuse dans les secteurs minier, automobile, pharmaceutique et agroalimentaire.
La bonne note
Le sentiment général est que le pire est passé et que l’Afrique du Sud est à nouveau prête, au cours des cinq prochaines années, à reprendre sa place d’économie la plus performante du continent. Lors de la conférence de l’année dernière, le président Cyril Ramaphosa a admis : « Je ne suis pas ici pour prétendre que ces défis ne sont pas réels.» Il faisait référence aux nombreuses lacunes, mais s’est engagé à faire de son mieux pour résoudre les problèmes.
Cette reconnaissance réaliste de la multitude de problèmes, au lieu de les occulter, a été bien accueillie par les investisseurs et les engagements de cette année devraient dépasser l’objectif initial de 1 200 milliards $.
L’Afrique du Sud est toujours considérée comme l’économie la plus développée et la plus sophistiquée d’Afrique et son engagement à réaliser la quatrième révolution industrielle et à poursuivre le développement et l’expansion de son secteur des technologies de l’information et de la communication et de l’électronique devrait la placer dans une position favorable pour bénéficier de la révolution technologique en constante évolution.
Le secteur du tourisme, de l’hôtellerie et des conférences devraient connaître un renouveau substantiel puisque le monde recommence à voyager.
La campagne d’investissement est devenue un élément clé du plan de reconstruction et de redressement économique annoncé en 2020. De nombreux projets, en particulier dans les secteurs des infrastructures et de la production d’électricité, ne stimuleront pas seulement la croissance mais, plus important encore, l’étendront à certaines des régions les plus marginalisées du pays, créant ainsi des industries durables à fort potentiel d’emploi.
Une transition juste vers l’énergie verte
Les trésors de ressources naturelles de l’Afrique du Sud, notamment l’or, le minerai de fer, le platine, le manganèse, le chrome, le cuivre, l’uranium, l’argent, le béryllium, le titane et le charbon, en font l’une des sources les plus précieuses d’intrants industriels essentiels au monde et ont été à la base de la superstructure économique du pays depuis deux siècles. Cependant, l’incapacité de l’approvisionnement énergétique du pays à suivre le rythme de la demande en croissance rapide a empêché la pleine exploitation de son potentiel.
Mais même ses problèmes d’électricité créent des opportunités et un plan est en cours, soutenu financièrement par un certain nombre de pays développés d’Europe et des Amériques ainsi que par la Banque africaine de développement, pour passer à des énergies plus vertes.
Le schéma des promesses d’investissement en tient compte et vise à la fois à résoudre la pénurie d’énergie, à tirer parti du développement de ce secteur pour la croissance et la création d’emplois et à prendre les mesures nécessaires pour une plus grande utilisation des sources d’énergie renouvelables.
Outre l’énergie éolienne, solaire et la biomasse pour la production d’électricité, le gouvernement accorde une grande importance à l’hydrogène pour contribuer à la décarbonisation de l’économie. Le groupe norvégien Scatec s’est engagé à investir 16 milliards de rands (900 millions $) dans une centrale solaire située au Cap Nord.
Se préparer à la croissance
Malgré de sérieux obstacles tels que la guerre en Ukraine et l’inflation élevée qui a entraîné des hausses de taux d’intérêt et une augmentation générale du coût de la vie, le FMI estime que l’inflation a atteint son maximum en 2022 et que le chemin vers une reprise complète a commencé par une croissance de 2,9 %, une amélioration par rapport aux estimations de 2,7 %.
La demande de matières premières et d’intrants minéraux devrait augmenter. Les principaux engagements en faveur de l’enrichissement des minéraux comprennent 12 milliards de rands (670 millions $) de la part d’Implats, 11 milliards de rands de la part d’African Rainbow Minerals, 10 milliards de rands de la part d’Anglo American et 9 milliards de rands de la part de l’exploitant de mines de platine Sidibelo.

L’industrie automobile, l’un des centres de production les plus importants d’Afrique du Sud avec des rayons d’approvisionnement en composants vastes et variés, s’est également engagée à réaliser des investissements substantiels. Il s’agit notamment de Ford, 16 milliards de rands (900 millions $) ; Tshwane Automotive, 2 milliards de rands ; Africa Auto Group, 550 millions de rands ; BMW, 800 millions de rands ; Volkswagen, 350 millions de rands ; Daimler Trucks & Buses Southern Africa, 190 millions de rands ; Wheel As-sembers, 180 millions de rands ; Fromex Industries, 102 millions de rands.
InvestSA indique que la campagne d’investissement dans l’industrie automobile « est un catalyseur pour les petits acteurs de l’industrie – principalement détenus par des Noirs, qui annoncent des projets dans les chaînes d’approvisionnement de l’automobile, des pneus aux batteries, en passant par les composants et les installations d’assemblage ».
Vodacom, le géant des télécommunications du pays, s’est engagé à investir 50 milliards de rands (2,8 milliards $) dans ses réseaux fixes et mobiles sur une période de cinq ans. Un certain nombre de réformes réglementaires dans ce secteur devraient permettre l’arrivée de nouveaux acteurs, ce qui devrait faire baisser les prix pour les consommateurs à moyen et long termes.
Lors de la conférence sur l’investissement 2022, le président Ramaphosa s’est montré particulièrement satisfait de l’injection d’investissements dans les arts créatifs du pays.
« Nos industries créatives ont été fortement stimulées par des investissements de plusieurs millions de rands dans la production cinématographique et télévisuelle par les plus grandes sociétés de médias au monde, telles que Warner Media et Netflix. Après près de 15 ans de gestation, le studio de cinéma eThekwini au KwaZulu-Natal deviendra bientôt une réalité grâce à un investissement de 7,5 milliards de rands (420 millions $) de la part de Videovision Entertainment ».
Netflix s’est engagé à verser 929 millions de rands, tandis que Warner s’est engagé à verser 350 millions de rands.
Cyril Ramaphosa a résumé l’un des principaux objectifs de la campagne d’investissement en déclarant : « Grâce à une campagne concertée du gouvernement, nous continuons à accroître la participation des industriels noirs à l’économie du pays. » Au cours des cinq dernières années, quelque 32 milliards de rands ont été investis dans près de 800 industriels et entrepreneurs noirs par le biais d’initiatives de financement au sein du ministère du commerce, de l’industrie et de la concurrence, et près de 120 000 emplois ont été sauvegardés ou créés.
Pour plus d’informations sur la conférence sur l’investissement en Afrique du Sud, consulter le site www.sainvestmentconference.co.za.
@AB